Jeudi 20 février :

Petite journée de transition : peu de route (environ 80 km) pour nous conduire jusqu’à Triabunna d’où a lieu le départ du ferry pour Maria Island où nous comptons passer la journée de demain. Nous nous arrêtons en chemin à Richmond, dans une région viticole (nous suivrons ensuite la route des vins). Richmond est l’un des villages les plus anciens de Tasmanie, avec de beaux bâtiments, un vieux cimetière où les convicts étaient enterrés dans une fosse commune. Le pont en pierre datant de 1823 a été construit par les bagnards. C’est le plus vieux pont d’Australie encore emprunté par des véhicules.

Petite pause ensuite à Orford au bord de l’eau. La plage est magnifique, le soleil est là et la température devient agréable. Ce soir, nous n’aurons pas besoin de chauffage et pourrons passer la nuit sur une aire de camp gratuite.

Nous arrivons tôt à Triabunna. Il y a une aire de camp juste en face du syndicat d’initiative et de l’embarcadère où nous prendrons le bateau pour Maria Island. Nous nous y installons.

Les billets sont achetés, il n’y a plus qu’à mettre le réveil et prévoir : pique-nique, eau, crème solaire, … car il n’y a aucun approvisionnement sur cette île. C’est le royaume de la nature, de la randonnée, du snorkeling. Nous espérons y voir : wombats, wallabies, Pademelons, oiseaux, … et peut-être des dauphins et autres animaux marins.


Vendredi 21 février :

Triste réveil ce matin. Ma petite sœur est dans la peine et on n’est pas là pour la soutenir. Éric est décédé hier soir. Saleté de crabe !

Nous partons quand même, le cœur gros, pour Maria Island où nous allons faire une randonnée d’environ 14 km.

Maria Island se trouve à une demi-heure de bateau rapide de Triabunna où nous avons passé la nuit. C’est un parc national loin de la civilisation où aucune voiture n’accède. Pour s’y déplacer, il faut le faire à pied ou à VTT. Pour nous, ce sera à pied.

L’île abrite quelques vestiges pénitentiaires et industriels ainsi que des sites géologiques étonnants. Nous avons ainsi pu voir un site de fossiles près de falaises abruptes et de l’ancien lieu d’extraction de limestone (calcaire) et les Painted Cliffs, des rochers de grès qui semblent avoir été peints mais sont naturellement colorés par de l’oxyde de fer : magnifiques.

Des paysages très variés, tout comme la météo qui passait du grand soleil à quelques gouttes de pluie en quelques minutes. La seule constante restant le fort vent du sud. Les parkas et capuches nous ont été bien utiles.

Mais ce qui est encore le plus magique pour nous c’est de voir tous ces animaux vivant en parfaite quiétude et se laissant facilement approcher. Nous avons ainsi pu voir 25 wombats dont une mère et son petit, une vingtaine de kangourous, quelques pademelons, des oies du Cape Barren…Le seul que nous n’ayons pas aperçu, c’est le fameux diable de Tasmanie. Il est pourtant bien présent sur l’île, mais ne sort que la nuit. Le diable de Tasmanie est en voie de disparition à cause d’un cancer de la face (DFTD) transmissible. 75% des diables en sont atteints. Il n’est présent qu’en Tasmanie. Pour préserver l’espèce, des individus sains ont été introduits sur l’île Marie où leur population est en train de se développer.

Retour au bateau après une belle rando et une rapide visite des anciens bâtiments du pénitencier dont certaines cellules ont été transformées en hébergement spartiate (il faut apporter ses draps, sa nourriture, son eau car il n’y a rien sur l’île).

Arrivés au port de Triabunna, nous reprenons la route pour une cinquantaine de kilomètres. Nuit dans un camping à Swansea car le vent du sud souffle et la nuit s’annonce froide.

Pas le temps de mettre en ligne les vidéos des wombats, pademelons... je le ferai demain... si on a une connexion internet dans le parc national du Freycinet.


Samedi 22 février:

Petite étape pour se rendre à Coles Bay, porte d'entrée du fameux Freycinet National Park. Nous avions prévu d'arriver tôt pour pouvoir camper dans un des camps du Parc. Malheureusement, toutes les places sont occupées, la première réservation possible est pour mercredi. Trop tard pour nous. Il faut dire que le parc attire beaucoup de monde, que le prix de l'emplacement avec électricité au cœur du parc et au bord de la plage est dérisoire (16 dollars australiens, soit 10€ pour 2 personnes). Nous allons donc dans un camping traditionnel dans lequel nous obtiendrons la dernière petite place. C'est le weekend, l'été, il fait beau, les places sont chères! Il est midi, ceux qui arriveront plus tard sans avoir réservé devront beaucoup s'éloigner pour avoir un hébergement.

L'été semble revenu, la température est agréable, au soleil on cuit, mais à l'ombre, le vent du sud est un peu trop frais. Nous en profitons pour faire une lessive. Le linge va sécher pendant que nous partirons en vadrouille.

Au programme de l'après-midi: une petite marche vers la Great Oyster Bay et sa plage, un petit tour au Cape Tourville d'où il y a une vue magnifique sur la Péninsule. On aperçoit au loin Wineglass Bay ou nous passerons demain pendant notre rando. Ensuite une autre petite marche vers Sleepy Bay Beach. Journée tranquille!

Au parc national du Freycinet, beaucoup de noms français: le Cap Tourville, le Mont Baudin, la pointe Fleurieu, le Cap Forestier, le mont Freycinet... Si l'explorateur Hollandais Abel Tasman a accosté le premier en 1642 avant de repartir pour la Nouvelle-Zélande (et finalement donner son nom à l'île et à la mer située entre la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande), c'est le naturaliste français Nicolas Baudin qui s'y attarda afin d'étudier la faune et la flore et communiquer avec la population aborigène. Louis Freycinet était un sous-lieutenant de Baudin, le comte de Tourville un général de Napoléon...Ils sont repartis ensuite, pas intéressés par cette île. Ce sont finalement les anglais qui l'ont colonisée.


Dimanche 23 février:

Aujourd’hui, randonnée dans le parc national de Freycinet. Nous avons choisi de faire le circuit qui commence par la piste de Wineglass Bay avec passage au Wineglass lookout, la piste de l’Isthme, Hazards Beach, la Pointe Fleurieu et la piste Hazards Beach (voir photo du circuit).

Au bilan, nous avons eu bien chaud pendant ces 5h40 de rando (pique-nique à la plage, arrêts pour boire et prendre des photos compris) : 12 km 200 pour 620 mètres de dénivelé positif, environ 2400 marches (en montée ou descente) dont 1000 pour la descente sur Wineglass Bay, quelques animaux, de nombreux marcheurs et des points de vue magnifiques. Très belle randonnée par une belle journée d’été.

On quitte le Freycinet pour aller passer la nuit sur une aire de camp avec donation : c’est-à-dire qu’il y a une « honesty box », boîte dans laquelle on met la somme qu’on veut en dédommagement de l’utilisation d’un emplacement. C’est un système fréquent pour des aires où les propriétaires d’hôtel, de station-service, de restaurant … ou des communautés, villages, mettent à disposition un terrain où les campeurs avec des véhicules autonomes sont les bienvenus. On a donc mis un billet de 10$ dans la boîte et on est allés boire un coup au bar après s’être installés. La bière de Bundaberg était très bonne, a dit Bernard !


Lundi 24 février:

Petit saut de puce aujourd'hui: 12 km jusqu'à Bicheno, petit port de pêche. Le temps est maussade mais doux. Le matin, sentier côtier qui nous mène au "Blowhole" (évent), un geyser qui jaillit plus ou moins haut entre les rochers quand la mer est agitée.

L'après-midi, nous allons sur la longue plage de Maclean Bay à la recherche de traces laissées par les "little penguins" (manchots pygmées) afin d'aller les voir ce soir quand ils rentreront à leur nid après une journée passée en mer. Nous en avions vus à Phillip Island en 2017 et aurions bien envie de revoir quelques uns de ces petits êtres hauts d'environ 30 cm. Nous avons bien marché tout au long de la plage, vu beaucoup d'oiseaux, mais aucune trace de manchot. Tant pis, ce sera pour une autre fois.

Ensuite, on se rend à quelques kilomètres dans le Douglas Apsley National Park où nous souhaitons faire une rando dans les gorges. Mais là aussi, pas de chance. Le sentier nous fait grimper dans la montagne alors que nous pensions longer les gorges. Hélas, le circuit ne se fait que dans un sens et est beaucoup trop long pour le parcourir en entier. Après 2 km de montée, nous faisons demi-tour. Retour au camp: douche, spaghettis à la carbonara et fraises (oui, fruits de saison!) et on prépare notre itinéraire de demain avant d'attaquer le choix des photos pour le blog, mais pas de little penguins au plumage bleu!.


Mardi 25 février:

On continue de monter vers le Nord de la Tasmanie. Il fait chaud et le soleil est brûlant quand on arrive à St Helens après 75 km et une bonne heure de route.

St Helens, 2070 habitants, est située sur George Bay, un immense lagon qui protège bien le port. C'est le plus gros port de pêche de la côte Est de la Tasmanie. Il y a des commerces et on perçoit bien que le tourisme prend une grosse part de l'économie de la région.

Après installation au camping, nous décidons de prendre 2 jours de vacances. Il fait tellement beau que nous irons à la plage. Nous partons donc pour Binalong Bay. Les plages sont très belles mais aussi très exposées au vent et aux vagues. Nous continuons donc en direction de la "Bay of Fires" et nous arrêtons à "Jeanneret Beach" pour y lézarder au soleil. Le sable est très blanc, très fin, la mer Turquoise et un peu fraiche. Ça fait du bien de se poser un peu!

En soirée, on "poussera" jusqu'au bout de la route à "The Gardens", 10 km plus au nord, pour avoir une vue d'ensemble de la Bay of Fires ainsi nommée par Tobias Furneaux en 1773 en voyant les nombreux feux allumés par les peuples Aborigènes des plaines côtières du Nord-Est. Peut-être est-ce également en raison de ces lichens orangés qui couvrent une partie des gros rochers entre les plages de sable blanc de la baie.

Demain, si le temps reste au beau, nous continuerons notre pause dans un des sites de camp gratuits qui se trouvent en bord de plage.


Mercredi 26 février

On avait dit qu’on faisait une pause, qu’on allait profiter de la plage. C’est raté : couvert au réveil, pluie après le petit déjeuner, averses orageuses et vent au moment de quitter le camping, température de 9 degrés. Ça change des 26 degrés à l’ombre d’hier ! Dans ces conditions, on hésite à aller camper dans le bush en bord de mer. 

Vers 11h, le temps s’améliore, on va quand même marcher jusqu’à la Pointe St Helens. Bernard qui va se percher sur les rochers dès qu’il le peut est aux anges depuis quelques jours : il y en a des quantités à escalader. On pousse ensuite jusqu’à White Beach où, évidemment, le sable est tout blanc. Quelques centaines de mètres plus loin, de l’autre côté de la presqu’île, nous escaladons Peron Dune, une dune de sable jaune. Le soleil est de retour, nous partons à la recherche d’une place de camping dans un des sites qui se trouvent tout au long de la Bay of Fires. Les places en front de mer sont évidemment toutes occupées, mais nous réussissons à en trouver une à notre convenance à 30 mètres de la plage.

C’est un petit paradis : camping gratuit, en bord de mer, des plages de sable d’un blanc éclatant le long desquelles on peut se promener, des rochers à escalader (il n’y a pas que Bernard qui trouve ça génial, je commence aussi à y prendre goût !), une eau turquoise et limpide, et à notre retour au camp, un petit Wallaby qui vient nous rendre visite. Ajoutons à cela un petit apéritif et un bon repas : fruits de mer de la Bay of Fires (avec un verre de blanc pour Bernard), cheddar, fraises. A la nuit noire, nous sortons du « camion » pour aller regarder le ciel. Loin de tout, sans électricité, pas de pollution visuelle. Il y a tellement d’étoiles et elles sont si brillantes qu’on a l’impression qu’elles sont plus proches que dans l’hémisphère Nord. Est-ce parce que l’atmosphère est très pure ou à cause du trou dans la couche d’ozone ? Il va falloir étudier ça ! Pas d'internet ce soir, je mettrai en ligne demain.