Jeudi 27 février 

Finie la pause, le temps n’est pas assez beau pour que l’on reste encore à Swimcart Beach. On reprend la route vers l’Ouest. Etape prévue en soirée dans la Tamar Valley, à quelques kilomètres de Launceston deuxième ville la plus importante de Tasmanie.

En quittant St Helens, on quitte aussi la côte et ses plages pour grimper dans la montagne. Le paysage devient vert, prairies, vaches laitières, exploitations agricoles tout au long de la route. C’est moins dépaysant. Arrivés sur les hauteurs, le vent souffle fort, les nuages sont accrochés aux montagnes et on croise beaucoup de motos. On se croirait sur la Route des crêtes ! On s’arrête à Pyengana pour aller voir les plus hautes cascades de Tasmanie, les Colomba Falls qui font 90 mètres de haut. On fait une belle balade à travers une Rainforest (forêt vierge) et des fougères arborescentes pour y arriver. Et là, on est dépaysés : ces arbres fougères sont magnifiques.

Nous nous arrêtons au passage à une fromagerie ou nous pouvons déguster des fromages primés de Tasmanie et choisir celui que nous allons manger au repas. Très bon.

Quelques kilomètres plus loin, à la réserve de Weldborough Pass, c’est une balade de conte de fées au cœur de la forêt tropicale, au milieu des grands myrtes, des sassafras et des fougères arborescentes. Nous y sommes d’ailleurs accueillis par un des sept nains.

Nous avons ensuite fait un petit détour par Legerwood pour aller voir les œuvres d’Eddie Freeman, qui a sculpté à la tronçonneuse les troncs des arbres de la rue principale du village promis à l’abattage car devenus trop gros et dangereux. La petite communauté s’est cotisée en 2006 afin qu’il réalise ces sculptures en l’honneur des soldats morts en France et en Belgique pendant la première guerre mondiale. Les Australiens sont tous très attachés à ces témoignages de guerre.

Pour cette journée de voyage, 180 km de routes par monts et par vaux (le mont Victoria qui alimente les St Colomba Falls en eau culmine à 1213 mètres), nous avons traversé des paysages ruraux, forestiers, avant d’arriver à Launceston où nous avons retrouvé la circulation des grandes agglomérations.

Nous resterons 2 nuits dans le même camping, à Legana, petite ville de la Tamar Valley.


Vendredi 28 février

La Tamar River coule dans une large vallée, de Launceston à Low Head où elle se jette dans le détroit de Bass qui sépare la Tasmanie de l'Australie.Tout au long de cette vallée de 65 km se trouvent: vergers, forêts, pâturages et de nombreux vignobles. C'est la principale région viticole de Tasmanie et les vins les meilleurs sont reconnus mondialement.

Nous allons donc suivre la route des vins sur la rive gauche du fleuve. Quelques arrêts avant d'arriver à Greens Beach: Bradys Lookout, point de vue sur la vallée; Beaconsfield et sa mine d'or; Beauty Point où nous avons enfin pu voir des platypus (ornithorynques) et aussi des échidnés. Après le repas, nous avons fait une petite promenade sur le chemin côtier à Greens Beach et cueilli quelques mûres.

Nous avons franchi le fleuve sur le Batman bridge, premier pont à haubans Australien inauguré en 1968 et rejoint George Town sur la rive droite. George Town située à l'embouchure de la Tamar est la 3ème plus ancienne ville d'Australie après Sydney et Hobart. Elle a été fondée en 1804 pour protéger la région d'éventuelles incursions françaises.

En continuant la route, on arrive au joli petit village de Low Head avec son Phare de 1888, et la plus ancienne (1805) station de pilotage d'Australie qui guide les bateaux dans ces eaux dangereuses.

Retour à Legana avec le voyant d'huile qui s'allume: demain, il faudra y remédier!


Samedi 29 février

Nous quittons Legana après avoir fait les pleins : eau, huile, gasoil, nourriture… Visite rapide de Launceston qui, malgré ses 66000 habitants reste une petite ville avec un patrimoine historique important. Les maisons victoriennes et édouardiennes qui bordent les rues sont charmantes et soignées.

A quelques minutes de marche du centre, Cataract Gorges est l’attraction majeure de la ville. Nous y faisons une belle marche sur un circuit aménagé le long des gorges. Ça monte très fort, ça redescend bien aussi dans la première partie du circuit, le Zigzag track. En deuxième partie, le chemin le long des gorges, suspendu sur une grande partie du parcours, les ponts et les passerelles ont été construits au début du 19ème siècle, tout à dos d’homme : beau travail ! A l’arrivée, un grand bassin et une piscine gratuite où les habitants des environs viennent volontiers se baigner. Il y a même un télésiège qui emmène les paresseux jusqu’à un point de vue sur les gorges.

La dolérite de Cataract Gorge est estimée à plus de 200 millions d’années et s’est formée pendant le Jurassique, alors que les dinosaures habitaient la région. Selon les croyances des Aborigènes de Tasmanie, ce sont les ancêtres qui se sont transformés en monolithes de pierre, sur terre et dans la mer. Les gros rochers de pierre qui se trouvent le long des berges de la rivière sont considérés par certains peuples aborigènes comme des sentinelles ou des guerriers qui veillent sur le lieu.

Nous quittons ensuite Launceston et traversons quelques villes et villages classés par le National Trust pour leurs demeures historiques. Nous irons en visiter une demain, car ici les musées, lieux historiques ferment tôt, le plus souvent à 16 heures et nous nous sommes un peu attardés dans les gorges. Les magasins, services, ferment eux généralement à 17 heures.

Nous nous arrêtons dans une aire communale gratuite (mais pour laquelle il faut un permis demandé sur internet) à Bishopsbourne, un village de 78 habitants mais qui possède une église, un cimetière et un terrain de sports (cricket) et loisirs sur lequel nous passerons la nuit. Nous ne serons pas gênés par les voisins, car nous n’en avons pas !


Dimanche 1er mars

Temps couvert au réveil, mais plus de vent. Pour ce que nous avons prévu aujourd’hui, cela ne pose pas trop de problèmes. Nous prenons donc la direction d’Entally Estate, propriété du gouvernement datant de 1819 qui fait la fierté de la petite ville d’Hadspen et qui, paraît-il, est splendide. Je dis bien « paraît-il », car aujourd’hui non plus nous ne pourrons pas la visiter car elle est fermée le dimanche !

Nous nous rabattons donc sur une autre propriété : Brickendon Estate, site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Avec Woolmers House qui se trouve quelques kilomètres plus loin, c’est l’un des deux foyers ancestraux de la famille ARCHER, d’éminents pionniers et politiciens locaux. Fondé en 1824, il se compose d’une ferme encore en activité de 465ha et d’un manoir habité par les descendants de la famille Archer. Le domaine s’est développé grâce à la présence de convicts sur le site. Brickendon Estate et Woolmers House sont considérés comme les domaines ruraux les plus importants d’Australie, ayant le deuxième plus grand nombre de travailleurs condamnés. C’est un témoignage encore vivant des débuts de la colonisation européenne. La liste des forçats, hommes et femmes, ayant travaillé sur ces terres ainsi que leurs condamnations est affichée dans une des maisons encore debout. Les condamnations sont disproportionnées par rapport aux délits. On pouvait être condamné aux travaux forcés à perpétuité sur la terre de Van Diemen pour un vol de nourriture….

Quand nous sommes arrivés, le propriétaire du domaine, descendant de William Archer 6ème génération, était en train de réparer une barrière de la ferme….

Après cette visite instructive nous continuons la route vers l’Ouest à la recherche des diables de Tasmanie… et nous en avons trouvés. Des quantités dans une réserve naturelle pour la préservation des espèces endémiques de l’Australie, et plus particulièrement encore de la Tasmanie. Nous avons passé près de trois heures au milieu de ces animaux en semi-liberté.

Petit camping pour la nuit à Mole Creek, aux portes du Cradle Mountain Lake Saint Clair National Park. La pluie se met à tomber, il fait frais, heureusement que nous pouvons brancher le chauffage ! Espérons que demain il fasse beau pour la rando à Cradle Mountain !

 

 Lundi 2 mars

Lever un peu plus tôt que d’habitude car il y a de la route pour aller à Cradle Mountain. Au dehors, le ciel est tout bleu et le soleil illumine les montagnes. Mais en approchant de l’entrée du Parc National, le ciel est de plus en plus couvert et le vent souffle de plus en plus. Quand on s’enfonce dans la vallée qui mène à Cradle Mountain, le paysage change totalement. On traverse de grandes forêts, des vastes plateaux avec des étangs et des arbres morts toujours debouts, on se sent loin de tout.

Arrivés au parking du centre des visiteurs, le thermomètre de la voiture indique 4 degrés et demi. On modifie donc l’habillement : Thermolactyl, doudounes, parkas, bonnets, gants, il faut bien ça. On mettra même parfois la capuche en plus. On était prévenus, même si on avait du mal à y croire, à Cradle Mountain en été, il peut faire chaud, mais il peut également faire très froid et même neiger.

Il n’est plus possible de monter en voiture au départ des randos, mais il faut prendre une navette gratuite qui s’arrête à plusieurs arrêts. Nous irons jusqu’au Dove Lake, le dernier arrêt et la reprendrons ce soir 5 km plus bas à Snake Hill.

Nous avons fait une très belle randonnée de 10 km avec 495 mètres de dénivelé, parmi les lacs de montagne, les paysages alpins, des points de vue à couper le souffle et, sur la fin, nos amis les wombats qui broutaient à côté des passerelles. Comme nous étions bien équipés, nous n’avons pas eu froid. Nous avons eu la chance de ne pas avoir de pluie et avons même bénéficié de rayons de soleil.

Cradle Mountain mérite vraiment ses quatre étoiles. Nous y retournerons par le sud ouest dans quelques jours pour y faire encore de belles randos du côté du Lake St Clair.

Ce soir, au camping à Gowrie park, on entend le kookaburra !

Encore une journée qui nous a rendus heureux !


Mardi 3 mars

Après deux jours passés dans des contrées perdues, nous retournons à la civilisation.

Direction Sheffield, une jolie ville rurale avec beaucoup de bâtiments anciens, mais surtout de grandes peintures murales dépeignant des scènes de l'époque des pionniers. Il y en a plus de 50 et Sheffield est devenu un vrai musée à ciel ouvert dans lequel nous avons eu le plaisir de flâner. Chaque année a lieu un festival de peinture afin d'en produire d'autres.

Après le plaisir des yeux, le plaisir de la bouche avec la visite de la chocolaterie "House of Anvers" à Latrobe où nous ne nous sommes pas fait prier pour déguster.

Puis nous avons fait route vers Devonport, 3ème ville de Tasmanie avec 22000 habitants et port d'attache des "Spirit of Tasmania" I et II qui relient la Tasmanie à Melbourne.

Nous avons eu du mal de trouver le "Centre des Visiteurs" où nous devions acheter un permis pour pouvoir passer la nuit sur une aire gérée par la ville: 10 dollars la nuit (soit 6,20 €), puis nous nous sommes promenés dans "la" rue piétonne et le petit quartier commerçant de la ville .

En soirée, en route pour Lillico Beach: nous allons voir les "Little penguins", des manchots pygmées qui reviennent le soir à leur nid en bord de plage après un ou plusieurs jours passés en mer à pêcher. Nous en avons vus quelques uns à Saint Kilda il y a presque 3 semaines et surtout des centaines en 2017 à Phillip Island. Nous sommes donc allés les attendre sur une plateforme, au coucher du soleil. Ils sont arrivés à la nuit, fatigués, se dandinant , faisant des pauses avant de remonter à leurs nids où ceux qui les attendaient se manifestaient bruyamment. C'est toujours aussi émouvant!