Dimanche 19 novembre :

Aujourd’hui, nous attaquons le « Big Empty » (le Grand Vide). Entre Port Hedland et Broome, la route longe pendant 609 kilomètres le Great Sandy Desert. Grosse étape sous une chaleur écrasante. Nous nous arrêtons pour faire le plein, remettre un peu d’huile dans le moteur et manger à la station qui se trouve à mi-parcours (il n’y en a que deux !). Il fait très chaud (38° à l’ombre) mais heureusement qu’il y a du vent et peu de mouches. Nous voyons peu de camions et quelques voitures. On peut rouler pendant plus de 30 km sans en croiser.

Arrivés au camping à Broome, une chaleur moite nous attend à la sortie de notre véhicule climatisé. Il est 17h30 et il fait 35 degrés avec une température ressentie de 39° et 83% d’humidité (d’après la météo)! On va quand même voir le soleil se coucher à la pointe Gantheaume. C’est là qu’on peut voir à marée très basse des empreintes de dinosaures. Les falaises deviennent rouges et le soleil descend très vite dans la mer. Il est 18h05. Les habitants de Broome sont venus sur la plage à côté des falaises en 4X4 (il y en a plus de 100) se détendre en buvant l’apéro devant le soleil couchant. Cela semble être une habitude. Nous, nous y allons à pied car on a trop peur de s’ensabler avec le camping-car !

Ce soir nous nous enfermons dans notre petite maison avec la clim et pour la première fois nous la laisserons pour la nuit. On se sent vraiment sous les tropiques !


Lundi 20 novembre :

Ce matin nous sommes allés chez Britz avant de commencer notre visite de Broome. Il manquait de l’additif pour le moteur et une ampoule de phare ne s’allumait plus. Les problèmes ont été résolus en 10 minutes et nous avons pu poursuivre : la Pointe Gantheaume à marée haute cette fois puis Cable Beach, cette plage de 20 km connue par les photos de dromadaires y marchant en file indienne au coucher du soleil, et qui doit son nom au câble sous-marin pour le télégraphe posé de Broome à Singapour via Java et passant sur cette plage. L’eau aigue-marine était belle, quelques personnes faisaient du surf ou se baignaient, cela voulait donc dire qu’il n’y avait pas de méduses. Nous en avons profité pour nous baigner. Avec la chaleur de l’air, un bain de mer, même dans une eau à plus de 30°, ça fait du bien !

L’histoire de Broome (15000 h) tourne autour de l’industrie perlière comme le rappellent les cimetières de la ville où sont inhumés les nombreux Japonais, Chinois, Malaisiens et Aborigènes victimes de cette pêche depuis 1880. Broome continue d’exporter des perles dans le monde entier, mais elles sont maintenant cultivées dans des fermes marines modernes. La ville est très cosmopolite, avec une importante population Aborigène. Chinatown se trouve au centre, et à côté, il y a de nombreux magasins vendant des bijoux avec des perles. Nous sommes allés y faire un petit tour.

A Broome, nous avons vu nos premiers baobabs. Puis en poursuivant notre route, plus on approchait de Derby, notre destination, plus il y avait de baobabs et plus ils étaient beaux.

Et nous voici à Derby dont les deux rues principales sont jalonnées de baobabs. Après notre installation au camping nous allons voir le coucher du soleil sur la jetée circulaire. La marée est descendante, l’amplitude peut aller jusqu’à 11m50. Depuis la jetée, on a une vue imprenable sur les mangroves où se cachent des crocodiles.

La température à la nuit tombée est encore à 35 degrés avec un ressenti à 40. Pas étonnant qu’on ait chaud !


Mardi 21 novembre :

Ce matin on retourne à la jetée. C’est marée basse et nous ne verrons pas la mer à marée haute car nous serons repartis de la ville aux baobabs. Le niveau de l’eau devrait être alors 10 mètres plus haut. La question que nous nous posons est : est-ce que la mer est plus belle à marée haute que ce que nous avons sous les yeux ?

Nous essayons de visiter une galerie de peintures aborigènes, mais c’est la basse saison et tout est fermé.

Le Boab Prison Tree, un vieux baobab de 1500 ans qui aurait servi de prison à des aborigènes en transfert, se trouve à quelques kilomètres au sud de la ville. Nous nous y arrêtons et en apprenons un peu plus à ce sujet.

Aujourd’hui, c’est la Journée des baobabs : nous nous arrêtons pour manger à l’aire du baobab. Celui-ci est encore plus gros que l’arbre prison et il semble en pleine forme. Il est fleuri et porte quelques fruits.

Arrivés à Fitzroy Crossing, là où la Highway traverse le Fitzroy River (celui-là même dont l’estuaire se trouve à Derby et qui colore la mer d’une si vilaine couleur), la température a encore augmenté et dépasse les 40 degrés. La chaleur est écrasante et les déplacements à pied se font au ralenti. Après avoir réservé notre place au camping, où plus d’une centaine de wallabies et kangourous ont élu domicile, nous allons quand même voir les Geikie Gorge creusées par le Fitzroy River. Au retour, barrage de police, « Vos papiers s’il vous plaît. Soufflez dans le ballon. » Tout ça en anglais avec un fort accent australien, bien sûr. Heureusement, le permis international est en règle et Bernard a arrêté de boire de l’alcool depuis qu’on est en Australie ! Et on repart avec la pipette en souvenir !

Le bain dans la piscine au camping après la tombée de la nuit, quel bonheur !

 

Mercredi 22 novembre :

Juste avant de démarrer du camping, on a bien cru qu’on allait avoir droit à notre première pluie tropicale. Mais non, fausse alerte, nous n’avons eu que quelques gouttes. Pas assez pour laver le pare-brise.

Nous avons donc repris la route et à quelques centaines de mètres du camping, nouveau barrage de police au même endroit qu’hier mais en sens inverse. Bernard a tendu son permis international, la pipette d’hier et ils nous ont laissé repartir avec un grand sourire sans rien contrôler.

On s’habitue à la chaleur. 39 degrés à l’ombre à midi au moment du repas et nous l’avons plutôt bien supporté. Evidemment, c’était mieux quand il y avait un peu d’air et on n’a pas trainé à redémarrer après le repas.

A Halls Creek, petite ville à population essentiellement Aborigène, nous sommes allés voir le China Wall, perdu au milieu de l’outback. Nous avons fait bien attention de refermer le portail derrière nous avant de continuer la piste qui mène à cette veine de quartz de 6 mètres de haut qui sort de terre à cet endroit et fait penser à la muraille de Chine.

La route entre Halls Creek et Warmun, où nous passons la nuit, traverse des paysages désertiques avec quelques petites montagnes rocheuses. Au fil des kilomètres, la végétation se fait plus verte, les lits des rivières sont moins secs et on se rend compte qu’il a plu récemment. Nous allons bien vers un climat plus humide. A chaque fois que quelqu’un nous demande où nous allons, quand nous répondons « vers Darwin », on nous dit que nous allons avoir beaucoup de pluie. On est prévenus !

Warmun (également nommé Turkey Creek) est une communauté Aborigène d’environ 500 personnes qui appartiennent essentiellement au peuple Kija. Le lieu était au XIXème siècle un point d’abreuvage du bétail qui était conduit de Halls Creek au port de Wyndham. Plus tard, la communauté s’est établie en 1901 quand le gouvernement a construit un dépôt alimentaire pour les Aborigènes à Turkey Creek. Warmun est une « dry area », c’est-à-dire qu’il est interdit d’y boire de l’alcool. Aussi il est demandé aux campeurs qui voudraient boire des boissons alcoolisées de le faire à l’intérieur de leur campement, à l’abri des regards extérieurs. Ça tombe bien, on n’a que de l’eau à boire !


Jeudi 23 novembre :

On remonte toujours vers le Nord et on rejoint la mer de Timor et le Golfe Joseph Bonaparte. C’est à Wyndham, la ville la plus au Nord de l’Australie Occidentale que se termine la Great Northern Highway, la plus longue d’Australie 3194,66 km depuis Perth. A l’entrée de la ville se trouve un crocodile géant : 20 mètres. C’est dans le golfe de Cambridge au bord duquel se trouve Wyndham que vivent les plus grands crocodiles d’eau salée au monde. Ils peuvent atteindre plus de 7 mètres.

Nous montons au sommet du mont Bastion (330m) qui domine le Golfe de Cambridge. Depuis ce point de vue dit des « Five Rivers », nous avons un superbe panorama sur les chaînes de montagnes du Kimberley et les 5 cours d’eau (King, Pentecost, Durack, Forrest et Ord) qui se jettent dans le golfe. Ça vaut le coup de rester sous le soleil et la chaleur pour admirer.

Nous reprenons la route et arrivons à Kununurra alors qu’un orage menace : grand vent, nuages, la température baisse en quelques minutes de 39,5 à 31,5. Mais pas pour longtemps, l’orage n’a fait que nous frôler et repart.

Après nous être installés au camping qui est au bord du Lake Kununurra, nous allons explorer la ville à la recherche de pain : vital le pain ! Puis nous escaladons une montagne qui domine la ville, pour accéder au Kelly’s Knob Lookout d’où nous avons une vue à 360° sur le Mirima National Park, le Lake Kununurra, l’Ord qui l’alimente et les cultures maraîchères et fruitières que l’irrigation a permis de développer. De là, nous assistons au coucher du soleil. Magnifique.

Aujourd’hui encore nous avons vu de très beaux paysages. Il va être difficile de faire un choix parmi les photos !


Vendredi 24 novembre :

Ce matin, le Mirima National Park. Nous avons fait une belle petite balade au milieu des roches, avec des panneaux explicatifs établis par le peuple Aborigène qui gère le National Park conjointement avec le gouvernement. Les arbres, leurs fruits, leurs fleurs, leur bois, leurs écorces : tout le savoir ancestral des Aborigènes pour les utiliser à des fins alimentaires, médicinales, … La nature est riche, ils en connaissent les ressources et essaient de ne pas laisser perdre ces connaissances.

Petite étape ensuite pour aller jusqu’au Lake Argyle, le plus grand lac artificiel d’Australie qui grâce à son barrage permet l’irrigation des régions agricoles tout autour de Kununurra. 1000 km2, 900 km de côtes, sa capacité représente 23 fois celle du port de Sydney ! Demain après-midi, nous irons faire une petite croisière pour y voir, nous l’espérons, quelques-uns des 30000 crocodiles d’eau douce qui y vivent et admirer les paysages dont nous avons déjà eu un aperçu depuis la piscine du camping cet après-midi.

Lake Argyle est loin de tout et nous n’avons pas de connexions internet et téléphonique avec notre opérateur. Nous bénéficions d’un accès avec le réseau du camping de 16h30 à 18h30 et il est déjà 18h25. Je n’aurai donc pas le temps de mettre les photos en ligne ce soir !

Deux nuits à Lake Argyle dans un camping bien ombragé, une grande piscine à débordement surplombant le lac, une croisière jusqu’au coucher du soleil, que demander de plus ?


Samedi 25 novembre :

Ce matin, c’est relax ! Piscine, une petite balade sur le barrage et à nouveau piscine avant de partir pour la croisière sur le Lake Argyle. Temps magnifique mais on aperçoit des nuages au loin.

Avant le départ du bateau on assiste à la diffusion d’un film sur la construction du barrage et sur la famille Durack qui possédait une immense exploitation maintenant recouverte par les eaux du lac. Nous sommes neuf sur le bateau qui a une capacité de 5O places, et c’est parti pour 3h30 de croisière qui devrait se terminer par un magnifique coucher de soleil. Les eaux sont calmes et le bateau glisse au milieu des îles. Nous nous arrêtons dans une crique pour voir un nid de bébés crocodiles de 15 à 20 cm. Ceux là ne nous font pas encore peur ! Puis le temps se gâte très vite : le ciel se couvre, on voit des éclairs au loin, un grand vent se lève et les vagues qui vont avec. Nous sommes obligés de nous arrêter à l’abri d’une île. Nous en profitons pour prendre un bain dans les eaux du lac. Après que les éléments se soient calmés on repart. On va voir une colonie de wallabies sur une île. Le temps reste couvert. La visibilité n’est pas bonne et il nous reste à imaginer quel serait le paysage avec un ciel bleu et un beau soleil. Pas de coucher de soleil éclatant, nous n’avons pas de chance. Le bateau s’arrête quand même au milieu du lac pour l’apéritif : champagne, petits gâteaux, dés de cheddar… et la possibilité pour ceux qui le souhaitent de faire un plongeon dans le lac. Le capitaine du bateau montre l’exemple. Retour à la nuit à l’embarcadère. Journée très sympa malgré la météo.

Demain nous changerons d’état à quelques dizaines de km d’ici et entrerons dans le Territoire du Nord pour la dernière partie de notre périple Australien, le « Top End ». Là-bas nous perdrons 1h30 par rapport à l’Australie Occidentale où nous sommes. Nous aurons donc 8h30 de décalage avec la France. Nous avons à faire plus de 500 kilomètres et devons arriver à Katherine avant 18h (16h30 d’ici). Dur, dur ! Il va falloir se lever tôt !