Lundi 13 novembre :

Aujourd’hui, 330 km de route à travers le désert avec juste une oasis : Carnarvon. Cette cité prospère de 6500 habitants à l’embouchure de la Gascoyne River est entourée d’une zone fertile bien irriguée que nous découvrons en arrivant à quelques kilomètres de la ville et que nous laisserons derrière nous pour retrouver le désert quelques kilomètres après en être sortis. Carnarvon assure 70% de la production fruitière et maraîchère de l’Australie Occidentale en hiver. La Gascoyne River dont nous traversons le lit à sec est le plus long fleuve d’Australie Occidentale avec 960 km, son cours reste souterrain la majeure partie de l’année.

Nous refaisons le plein d’eau potable avant de redémarrer, car des panneaux routiers annoncent que nous allons poursuivre notre route sur plusieurs centaines de kilomètres où il n’y a pas d’eau. Et puis comme c’est la dernière ville importante avant plusieurs jours, nous faisons également le plein du réservoir d’essence, du frigo et du portefeuille.

A environ 200 km au Nord de Carnarvon, un panneau nous indique que nous traversons le Tropique du Capricorne, le même que nous avons traversé en sens inverse à Rockhampton sur la côte est il y a 8 semaines.

Nous arrivons en fin d’après-midi là où le désert rencontre l’océan, Coral Bay : 255 habitants, une rue, une infirmerie, 2 cabines téléphoniques, 2 grands campings, 3 restaurants, une auberge de jeunesse, 1 hôtel et quelques maisons, mais une magnifique plage de sable blanc et les récifs de la barrière de corail accessibles à la nage. Demain nous louerons du matériel de plongée et irons l’explorer !

 

Mardi 14 novembre :

Journée de vacances au milieu des vacances !

Nous avons loué des masques, tubas et palmes et sommes allés à la découverte de la barrière de corail de la côte est, Ningaloo Reef. Elle est plus petite que celle de l’est (2700km) avec ses 300 km de récifs qui longent la côte de Coral Bay à Exmouth, et on peut voir des coraux à quelques dizaines de mètres de la plage. Nous avons nagé et admiré les fonds marins en passant au-dessus des coraux dont certains se trouvaient moins d’un mètre en dessous de nous. Beaucoup de poissons également qui s’approchaient de nous sans crainte. C’était super ! Plus de deux heures dans une eau très agréable avec le spectacle de la nature. On en redemande.

La consigne était de ne pas aller jusqu’au Nord de la baie car c’est une aire de reproduction des requins de récifs et l’endroit où peuvent se trouver jusqu’à 200 juvéniles qui nagent près de la plage. Alors après avoir rendu le matériel de plongée, nous avons marché environ 2 km vers le nord afin d’aller voir les requins. Nous en avons vu plusieurs à quelques mètres de nous, mais la mer étant agitée, il était difficile de faire des photos. C’était une belle ballade. On a vraiment passé une super journée. Peut-être que demain nous tenterons le snorkeling plus au nord, aux environs d’Exmouth.


Mercredi 15 novembre :

Après une matinée passée à rouler, toujours à travers un paysage désertique auquel s’ajoutent des grosses termitières rouges, nous arrivons à Exmouth. Une présence militaire importante avec une base de la RAAF (Royal Australian Air Force), des antennes, radars, immenses pylônes… Base militaire sous-marine établie pendant la 2ème guerre mondiale, Exmouth a commencé à se développer depuis l’installation des communications à très basse fréquence dans les années 1960, avec essor de la pêche (crevettes) et découverte de pétrole et de gaz. Malgré cela, le gasoil est très cher, et pour les crevettes, on n’est pas allés voir.

Nous sommes ensuite allés dans le Cape Range National Park et le Ningaloo Marine Park pour essayer de plonger à nouveau sur les coraux et aller voir les tortues, 3 espèces menacées qui viennent pondre dans le sable de novembre à mars. Mais pas de chance : pour le snorkeling, le centre de location du matériel fermait à 15h30 et on ne pouvait pas conserver le masque et les palmes jusqu’au lendemain et il ne nous restait que peu de temps avant de devoir rapporter le matériel. Trop court, nous irons donc demain matin. En attendant, nous sommes quand même allés à Turquoise Bay pour nous baigner et prendre un bain de soleil. Après la baignade, recherche d’une plage où il y aurait des tortues : nous avons trouvé des plages avec beaucoup de kangourous pas farouches du tout, mais pas de tortues. Nous nous sommes donc ensuite rendus sur le site où des centaines de tortues viennent pondre chaque année après le coucher du soleil. Mais les tortues sont apparemment comme les platypus : on arrive avant le coucher du soleil, on s’installe, on ne fait pas de bruit, on ne bouge pas et on attend. D’autres personnes attendaient comme nous, mais rien ! On passera voir demain sur la plage s’il y a des traces de leur passage et on espère en croiser en faisant du snorkeling. La faune et les coraux du site où nous allons plonger sont parait-il très riches. Pendant qu’on attendait dans la nuit, les fesses dans le sable, on voyait au loin les flammes des plateformes de pétrole et de gaz.


Jeudi 16 novembre :

Deux bonnes heures de snorkeling ce matin à Turquoise Bay. Le ciel est bleu, la mer est turquoise, c’est magnifique. Nous avons fait les deux sites : le « Drift Snorkel Area » où il faut être très attentif à ne pas se laisser prendre par le courant qui pourrait nous entraîner en pleine mer de l’autre côté du récif et le « Bay Snorkel area » pour les nageurs moins expérimentés, beaucoup plus tranquille, mais où la mer était plus agitée ce matin et la visibilité moins bonne. Pendant que nous étions au Drift, une jeune française qui nageait sans palmes ni masque près de la pointe s’est laissé entraîner par le courant et a paniqué. Deux plongeurs sont allés à son secours. Plus de peur que de mal, mais cela montre que les panneaux d’avertissement ne sont pas là pour « faire joli ».

Lors de ces deux sorties en mer, nous avons vu d’autres genres de coraux que ceux de Coral Bay et beaucoup de poissons très colorés, certains de taille imposante. Il y avait également une grosse raie qui se reposait sur le sable près d’un gros massif de coraux. Nous l’avons observée sans la déranger et l’avons prise en photo (car nous avions acheté pour l’occasion un appareil photo jetable étanche). On verra après notre retour en France si les photos sont réussies. Super matinée. Bernard qui était un peu réticent avant d’arriver à Coral Bay parle maintenant de recommencer si on peut dans les prochains jours.

Après le repas, 450 km de route. Au début, nous revenons sur nos pas pour rejoindre la North West Costal Highway qui monte vers le Nord. A partir de cet embranchement, toujours des contrées désertiques mais avec des paysages variés et tous sublimes : la terre rouge, des touffes d’herbe jaune paille et vert amande, des collines, des rochers, des lits de rivières à sec, des montagnes rocheuses à l’horizon… et tout ça avec le soleil couchant !

Nous arrivons au crépuscule à l’aire de camp gratuite que nous avions choisie pour la nuit : pas de chance, elle est fermée, visiblement en travaux. La prochaine aire est à 120 km et de nuit ce n’est pas prudent de rouler, il y a trop d’animaux susceptibles de traverser devant la voiture. Et c’est ce qui nous arrive alors que nous cherchons un parking dans le noir : une vache sur le bas-côté, puis tout un troupeau. Cela ne veut pas dire qu’il y a une ferme à proximité. Ici, les parcs avec du bétail sont immenses et ne sont pas limités par la route. De temps en temps on passe sur des grilles à bestiaux qui traversent la route puis plus rien pendant plusieurs dizaines de kilomètres. On ne vit pas à la même échelle dans ce pays ! Nous voici donc bloqués avec tout un troupeau qui se promène devant nous. C’est alors que nous apercevons une lumière : un camping-car est installé à une vingtaine de mètres de la route. Nous allons nous mettre un peu plus loin que lui et les vaches nous suivent. Tout s’arrange ! Nous sommes en sécurité pour la nuit. Demain matin, on aura la surprise de découvrir le paysage. Évidemment, comme on est à plus de 100 km de la ville la plus proche, pas de réseau téléphonique ni internet. La mise à jour du blog attendra. Depuis qu’on s’est arrêtés il y a deux heures, un seul véhicule est passé : un road train.

 

Vendredi 17 novembre :

En ouvrant les rideaux ce matin nous avons découvert un paysage de l’Outback très ensoleillé, mais sur le sol tout autour du camping-car, les bouses laissées par nos amies les vaches hier soir. Nous sommes plus habitués à trouver des crottes de kangourous.

Nous traversons le Pilbara, pays minier avec des paysages vraiment magnifiques. Cette fois ce sont des mines de fer. La petite ville de Tom Price, 747 m d’altitude, porte d’entrée du Karijini National Park que nous allons traverser, semble prospère. La mine située à quelques kilomètres est le premier employeur. Nous y faisons une petite pause pour le repas et refaire nos réserves d’eau. Il fait très chaud, nous buvons beaucoup et comme nous ne nous arrêtons pas dans des campings depuis deux jours, la douche, c’est dans le camping-car. Du plein d’eau fait à Carnarvon, il ne restait plus grand chose ! Depuis que nous sommes en Australie Occidentale, nous avons appris à faire la vaisselle avec un litre d’eau, voire moins pour celle du petit déjeuner.

Nous traversons le parc national et nous arrêtons pour voir les gorges de Dales. Les mouches attaquent depuis ce matin et la moustiquaire de chapeau est de sortie. Mais qu’il fait chaud là-dessous ! Nous passons à côté du Mont Bruce, majestueux avec ses 1235m d’altitude. A ses pieds, une autre mine. Des trains chargés de minerai rejoignent les ports de la côte : Dampier, Port Hedland… C’est là aussi que nous irons demain. Mais d’abord, il faut rouler. Nous nous arrêtons à une aire que nous partageons avec des road trains remplis de minerai. Ils sont impressionnants avec leurs 4 remorques et plus de 50 m de long ! Quand plusieurs sont arrêtés en même temps, avec leurs feux rouges tout au long des remorques, on se croirait à Noël ! Ils semblent rouler toute la nuit. Hier nous étions seuls au monde, ce soir il y a du passage !

 

Samedi 18 novembre :

Comme nous avons passé la nuit sur une aire pour camions, nous en voyons beaucoup passer depuis notre réveil. A chaque fois les chauffeurs nous font un grand salut avec un large sourire. Ensuite ils s’arrêtent, descendent de leur camion et vérifient les pneus. Le plus grand road train que nous ayons vu s’arrêter mesurait 60 mètres de long et avait 112 roues ! Un des chauffeurs est venu vers nous et nous avons bien discuté. Il transporte régulièrement des fertilisants liquides de Perth où il vit, jusqu’à Fitzroy Crossing et retour, soit environ 5400 km. Il nous a posé des questions sur notre voyage et nous a dit qu’il fallait qu’on aille voir dans le Nord les anciens Aborigènes lancer les boomerangs. Quand je lui ai demandé si c’étaient des anciens de son peuple, il m’a dit qu’il était Aborigène mais pas du même peuple. Encore un Australien très sympathique. Et puis nous avons pris beaucoup de photos et un peu de retard pour reprendre la route.

La Great Northern Highway est vraiment la route des mines. Il y en a tout au long de notre parcours et plus on approche de Port Hedland, plus il y a de road trains. Le moins qu’on puisse dire est que le site de cette ville de 14000 habitants n’est pas joli : un paysage tout en gares de triage, montagnes de minerai de fer ou de sel, hauts-fourneaux, et un port en eau profonde où l’on peut voir les super tankers recevoir leur chargement de minerai. Plusieurs gros cargos attendent en mer l’autorisation d’entrer au port. On prend plaisir à observer toute cette activité industrielle. Après les parcs nationaux et les contrées désertiques, le contraste est fort. Ce qui est frappant en arrivant au centre-ville, c’est la couleur : tout est rouille, même le tronc des arbres. La poussière de minerai de fer a teinté la ville.

La marée est très basse et l’amplitude est importante : 6 mètres aujourd’hui. Près de l’entrée du port, de la mangrove, et un panneau qui nous rappelle que l’on est à nouveau au pays des crocodiles de mer. Finies les baignades sans risques dans les eaux turquoise de la Côte de Corail !